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larouteducitron

16 juin 2007

La rêve-errance de Gérard

matthieumerETAPE 6: Isola-Menton (dernière étape)

Isola est une île. Perdue dans la noirceur des nuages. Nous pourrions y finir nos jours. Mais laissons les sédentaires à leurs tourments. Les citrons nous tendent leurs pépins. A nous

la Riviera

, les palaces, les casinos, la grande vie, les femmes fatales.

A l’heure dite plus une heure, nous chevauchons. Cap sur le col Saint-Martin. Descente de nos amours. Nous chuintons vers notre destin. Qui se dessine dans un virage. Laurent est chaud bouillant. Il est toujours dans l’attente d’un “ col référence ”. Ce ne peut plus être pour demain. Ce sera donc pour aujourd’hui. Gilles est campé sur sa tactique : “ Je prends les cols les uns après les autres et on fera le bilan à la fin. ” Gérard reste modeste : “ Comme d’hab’, je vise le maintien. Sur mon vélo. Mais c’est pas gagné. J’ai encore lâché 7h27’ dans l’étape d’hier. Il faut absolument que je ramène un point culminant de ce déplacement. ”

mattcolmartinLes lions sont lachés. Christopher from Middle West met un tour de vis. Gilles, Damien et Philippe Fenomeno forment le premier gruppetto qui, dans toute autre course, s’appellerait groupe de chasse. Gérard est en chasse patate flanqué de Matthieu, qui fait son pot de colle. Il aimerait connaître les secrets de la longévité du divin chauve. La petite merveille argentine a craqué sur une saillie venue de l’avant. L’attaque de Gérard l’a trop fait marrer. Thierry se retrouve donc flanqué de son Etienne de service, qui a toujours besoin d’une cinquantaine de kilomètres d’ascension pour se sentir bien. Laurent commence à se chauffer les pieds.

groupestmartinpluieRoses sont les pensées. Noirs sont les nuages.

Tonnerre, éclairs et soudain le ciel ouvre ses vannes. Tora tora tora. Un véritable bombardement aquatique. Apocalypse now. Des rivières d’eau puis de boue caillouteuse déferlent sur la route. Matthieu est un bon organisateur : “ Il faudra venir essuyer après notre passage ”, dit-il.

Saint-Martin en folie. Là où même un saumon n’aurait pas remonté le cours d’eau, la bande progresse dans le froid et le danger. C’est le Vietnam sans napalm, Azincourt sans hallebardes. C’est water l’eau. La nature en folie. L’héroïsme à l’état pur. Certaines promotions de fin d’année ne seront pas imméritées car jamais des maillots L’Equipe n’ont été aussi courageusement portés.

mattg_rardpluieL’équipe Picard vient de trouver des coureurs. Tous congelés. Regroupement au “ Yéti ”, le bar du sommet après un dernier kilomètres annoncé à 1%, ce qui fait marrer tout le monde sauf les cyclistes. On se rapproche vraiment de Nice.

Pluie, vent. Déchaînement de violence. Eric a tout prévu pour le pique-nique. A lui de trouver un endroit sec et ensoleillé. Il faut repartir. Haut les cœurs. Bas les corps. Descente effrayante vers Saint-Martin de Vésubie. Le pique-nique est immédiatement mis en vente sur e-Bay. Ce sera restaurant. Nous sommes dans l’épique. La route du citron semble coupée. Les faibles cherchent des itinéraires de délestage. Les forts ne pensent qu’au Turini. Les croyants prient. Tout le monde rédige son testament. Christopher boit son bol d’eau chaude.

g_rarddodoEt soudain, entre poire et fromage, la sanction est levée. Pachacamac a entendu nos prières. Le soleil est de retour : à nous le Turini. Ruée sauvage. D’abord descendre. Incident technique pour Laurent, arrêté avec son vélo à l’envers. Déjà à l’endroit, il ne va pas vite. Alors là…

Gilles est survolté. Le bœuf bourguignon fait son effet. Damien “ Bang Bang ” s’accroche. Virage à gauche.

15 km

de Turini. Vroum vroum.

Trop de pluie le matin, trop de soleil maintenant. Ils ne sont jamais contents. Christopher revient sur la tête. Gérard prend les mêtres les uns après les autres. Il accroît, pense-t-il, son avance sur Laurent. Thierry et Etienne verrouillent derrière pour ramasser les tubes vides et les seringues. Surtout ne pas laisser de traces, charte éditoriale oblige.

gillesturiniSpectacle fascinant, paysages affolants. La moto 47 reste sur Gérard. La 56 cherche Fenomeno, qui connaît une mémorable défaillance. Gérard aperçoit deux coureurs devant lui. Au prix d’un  effort surhumain, il les rattrappe et reconnaît deux anciens amis d’école primaire, Fenomeno et Laurent. Laurent, qu’il pensait être derrière lui. “ Dis-donc, tu ne serais pas en train de nous sortir ton col référence ”, lui demande-t-il. Laurent monte sur un énorme braquet, genre 30x26 (les connaisseurs apprécieront). Les pieds commencent à lui brûler. Fenomeno lui propose d’aller chercher chez Christopher un bol d’eau chaude pour lui rafraîchir les doigts de pied : “ Je devrais être de retour dans 48 heures ”, lui dit-il. Laurent sait qu’il n’a pas plus de 24 heures d’autonomie. “ Mais qu’est-ce qu’il fout, ce putain d’enculé de camion ”, hurle t-il. Quand il monte, Laurent garde toujours un peu d’énergie pour dire des gros mots. Soudain, dans son dos, un tango. L’Argentin revient, tout rictus dehors, accompagné de son survolté de très Bonamy, qui attaque à droite, qui attaque à gauche. Quand il parvient à maintenir son 6 à l’heure, Etienne aime bien humilier ses adversaires. Devant, Gilles vroum vroum tente un rapproché sur Christopher, qui n’a plus que 27 minutes d’avance à

500 mètres

de la ligne. Le coup est jouable. Sur la route du citron, on a déjà vu des choses plus étonnantes.

christophersommetturiniEt Matthieu dans tout ça ? Il est déjà perdu dans ses comptes “ Alors, Gilles doit 46 euros à Christopher et 27 à Philippe, Laurent doit 45 euros à Gilles, qui lui en doit 37. Gérard doit 27 euros et une banane à Thierry, qui doit deux tranches de saucisson à Etienne, qui doit 56 euros à Damien, qui lui en doit 45 plus un couteau en plastique. ” Dans le sport de haut niveau, l’ombre de l’argent n’est jamais loin. Celle de l’or non plus. Il est pour christopher. Qui s’installe dans un Yéti chaud après le Yéti froid du matin. Derrière, Laurent pieds en feu s’est arrêté. A deux kilomètres du sommet. Philippe sort son portable et commande un Canadair. La moto 154 ne rate rien de la scène. Gérard en profite pour s’envoler, profitant du sillage laissé par une limace qui remonte la route.

Bon, finalement les

1 607 mètres

du col mythique sont conquis et rarement arrivée au sommet n’avait été aussi serrée. 1 : Christopher ; 2 : Gilles à 54 minutes, 3 : Matthieu à 1h 23 ; 4 : Damien à 2h 06 ; 5 : Etienne et Thierry à 4h 34 ; 7 Gérard à 5h 06 ; 8 Philippe, Laurent et le Canadair à 6h 23. Tout est encore jouable avant le col de Châtillon, dernière des seize difficultés de la semaine.

g_rard_chapp_ecastillonDescente sans histoire sur Sospel. Tout en dérapages contrôlés. Le long ruban des “ citronistes ”  se dévide au long des lacets. Ainsi survit la gloire du plus beau des sports dans sa beauté toujours recommencée.

Sospel. Départ groupé dans le col de Châtillon. Un bel os. Juché à

700 mètres

avec des pentes de folie à 5%. La difficulté majeure de la course, en somme. Ici de grands champions se sont révélés. Ici un petit champion va tirer sa révérence à son sport adoré. Gérard fait une Armstrong en queue de peloton. Et tout le monde tombe dans le piège. L’attaque fuse. Magistrale. Impitoyable. Les énormes et moqueurs éclats de rire de ses rivaux ne le démontent pas. Il est sur la plaque. La toute petite. Celle des 30 dents. Matthieu revient. Il tente d’acheter Gérard. Il lui propose une collaboration. Le temps de négocier (sur une base de cinq euros et deux Di Antalvic), le peloton revient. Mais Gérard est un fusil à deux coups. Son nouveau démarrage est sublime. Le chef d’œuvre d’une vie de sportif raté. Plus personne ne le reverra. L’Histoire s’écrit. “ Appelez la rubrique cyclisme, hurle-t-il à Eric et Laurent, restés dans le camion. Faites actualiser ma fiche. Ils peuvent ajouter une route du citron à mon palmarès. ” g_rardsommetcastillon

Il franchit le sommet en majesté. Quand la meute arrive, interloquée, bluffée, Gérard est douché et rhabillé de son maillot du meilleur vieux qu’il portera pour le restant de ses jours.

La descente sur Menton est un rêve. Ils l’ont fait. Nous l’avons fait. C’est un hymne à l’amitié, à l’amour, au rire, à la souffrance, au don de soi, à la générosité, à la pharmacopée. C’est une aventure considérable qui s’achève dans les effusions, les embrassades, le respect absolu. C’est la vie comme on en rêvait enfant et que nous inventons. C’est la transe de

la Trans. Oh

mon Dieu, pourquoi êtes-vous injuste ? Pourquoi nous avoir élus, Pourquoi tout pour nous et rien pour le reste de l’humanité ?

Dernier repas. Atmosphère religieuse. La cène sans trahison. Encore que… Gérard annonce officiellement qu’il met un terme à sa carrière. L’enthousiasme est général. “ Ca fera un boulet en moins ”, dit Etienne. Gilles se tourne vers Laurent : “ Et toi, tu ne crois pas qu’il serait temps… ”

loloescargotUn énorme “ Putaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnn ” traverse la rade de Menton.

Pendant ce temps, Matthieu taxe 150 euros à Gérard pour

la Trans

2008. Le monde est devenu fou. C’est la grande synergie. Passion. Rideau !

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16 juin 2007

Une Bonette XXL

sommetvarsmieuxETAPE 5: Guillestre - Isola

La grande affaire du jour, c'était l'ascension de la cîme de la Bonette, la route la plus haute d'Europe (soit disant) qui culmine à 2802 mètres. On aurait pu passer rapidement sur la première difficulté de la journée, le col de Vars. Malheureusement, nous nous étions liés d'amitié avec une chienne blonde, qui compte tenu de notre moyenne horaire fantastique, a pu nous suivre pendant 7 kilomètres dans la montée. La régle de base des "transiens" étant une pratique démocratique absolue, il nous a fallu un long concialiabule pour savoir comment s'en séparer. Le jet de pierre semblait être la solution la plus appropriée, mais Gilles se découvrant subitement une âme de membre de la SPA posa son veto préférant le cri de singe gutural aux effets forts limités sur la bête amoureuse. Les vrombissements des ferrari et autres lamborghini du rallye Londres - Monte-Carlo furent plus efficaces. picnicjausiers

etiennepicnicLe temps d'un pique-nique dévoré dans un camping désert au bord d'un lac et c'était déjà l'heure de la Bonette. 24 kilomètres de grimpette pour arriver sur la lune au milieu d'un décor irréel.

bonetteericgillesMatthieu qui avait annoncé son intention d'être le premier transien à plus de 2800 m attaquait dès le bas. Il était repris à 18 malheureux kilomètres du sommet par l'impitoyable Christopher. L'arrivée dans les cailloux et les nuages ressemblait à une succursale de l'enfer. "Mince, je suis mort" se dit d'ailleurs Gérard pour la 26987e fois oubliant qu'une rasade de coca lui avait sauvé la vie. Le rendez-vous est donc repoussé à plus tard.  nuagesbonette

Entre 7 heures d'ascension (chronométrage non-officiel), une crêpe à la Nutella salvatrice et un sprint final agité (voir ci-dessous), c'est seulement à la nuit que les transiens ont découvert le premier hôtel à -2 étoiles de l'histoire de l'hotellerie. Un truc qui n'aurait pas bougé depuis 1930.

Mais il en faudrait plus pour nous empêcher de ronfler allégrement... 

16 juin 2007

L'INTERVIEW DU JOUR

"La tactique, c'est mon rayon"routeducitron4_044

LAURENT GRANDCOLAS ne fait jamais rien comme les autres (cyclistes): contre la pensée unique du vélo actuel, il utilise ses propres stratégies. Elles sont redoutables.

"Laurent, c'est votre troisième trans', vous sentez...

- (il coupe)... que je suis en pleine bourre. Jusque-là, ma seule tactique possible dans les cols c'était chacun pour soi et le camion pour moi. mais cette année, j'ai roulé comme un dingue pendant six mois, puis j'ai tout coupé en mai. Il faut adapter sa préparation aux objectifs fixés. Pour la route du citron, le secret, c'était de faire du jus. Depuis, le départ, j'ai la patate. J'ai décidé de mettre le feu sur la course. Bon, comme ma garde au sol est un peu courte, j'ai les pieds qui brûlent. Mais, ça, c'est de l'ordre du détail.

lolopieds- Parlez-nous de votre ascension de l'Izoard dont la légende court déjà les pelotons...

- A table, le midi, j'avais décidé de mettre de la force, du braquet. J'avais décidé d'appliquer la tactique du "total control", un truc américain dont m'avait parlé Christopher. Quand Philippe Le Men a attaqué dans les premières rampes, j'ai sauté dans sa roue, et là, les uns après les autres, je les ai tous passés en revue. J'étais bien, concentré, je les entendais arriver dans mon dos, le crouic-crouic, c'est la tendinite d'Eric, le Prout-prout de Damien, les Meuh meuh d'Etienne et de son fan-club, les Bêê-bêê de Matthieu et de ses supportrices, et puis la voix de Gérard. Mais croyez-moi, personne ne faisait le malin et Gérard parlait moins que d'habitude. Il a été le plus coriace, il a fallu que je simule un pépin physique pour pouvoir finir seul, détaché. Derrière les autres. Loin derrière.

- Et le matin, dans le Galibier, on vous avait déjà vu partout: devant, derrière, devant, à l'hôtel, derrière, de nouveau devant...

- Vous êtes con ou quoi ? Le retour à l'hôtel, c'était pour récupérer la glacière qu'on avait oubliée. Pour le reste, franchement, j'ai une telle marge sur les autres quand je suis dans le camion...

- D'où vous vient ce goût pour les courses tactiques?

- Gamin, j'avais trouvé un échiquier dans un grenier, le jeu lui-même manquait, je l'ai remplacé par des petits vélos en plomb. J'ai fait des centaines de parties en associant chaque pièce à un de mes copains de classe.

- Et vous, vous étiez quelle pièce?

- La tour.

- Laurent, est-ce que je peux finir de poser ma première question?...

- Ah oui, pardon, je vous en prie.

- Vous sentez pas quelque chose qui crame?

- Zut, c'est mes tranches de bacon que j'ai mises à griller sur mes orteils..."

16 juin 2007

EXCLUSIF

damiencasquetteDu rififi à la "bang-bang " team

Devenu " big bang-bang " depuis sa belle victoire (partagée avec Eric) à Guillestre, Damien a de nouveau suscité des remous dans le peloton à Isola. Idéalement lancé par son coéquipier, Gigi Simoni, dans la dernière ligne droite, il s’est inexplicablement relevé à 15 m de la ligne, laissant échapper sa deuxième victoire d’étape, au profit de Philippe Le Men plus roublard que jamais. " Ma, cé pa oune lider cé ga la, s’est emporté, furibard, le colérique italien pour qui chaque goutte de sueur doit être récompensée. Cé oune vache avé lé cou-i d’oune moule ! " Ancien leader devenu gregario après avoir dépassé un âge qu’il nous a interdit de mentionner, l’Italien (43 ans) s’est mis en quête d’une nouvelle équipe. Plusieurs transiens dont nous ne pouvons citer les noms l’ont discrètement approché. Little bang-bang a, lui, essayé de se défendre : " Mais euh, personne m’avait dit que la ligne, elle était là ", a-t-il expliqué maladroitement. Un argument vite démonté par le vieux sage de la Trans, Gérard, garant des règlements et d’une certaine éthique de l’épreuve. " Ecoute petit, a-t-il répondu au jeune impétueux, la ligne, on la met où on veut et on le décide quand on veut. T’as perdu, t’as perdu, c’est tout. Maintenant, fini ton menu Bambino et au lit. " Vexé, little-big bang-bang a dû transférer une dizaine de joueurs de foot pour se calmer avant de pouvoir trouver le sommeil.

13 juin 2007

La fable et la fontaine

galibierneigeETAPE 4 : Valloire – Guillestre

On ne sait pas qui des journalistes ou des cyclistes sont les plus grands affabulateurs. Etienne Bonamy cumule les deux qualités, c'est vous dire. Hier matin, il racontait à qui voulait l'entendre - c'est-à-dire à tout le monde - qu'une fée lui avait promis de le transformer en Marco Pantani le temps de l'ascension du Galibier. Mais attention - les fées ne vous filent jamais rien gratuitement, il y a toujours une condition -, s'il mettait plus de deux heures, il se transformait en citrouille. Et comme il le disait lui-même, une citrouille lâchée du sommet du Galibier... Mieux valait tout de suite prévenir le préfet de Savoie. Bref, voilà Etienne transformé en Marco Pantani, bandana au vent, qui nous attaque le col bille en tête. Bilan du jour: 1 heure 59 minutes 45 secondes. A quarante minutes de Philippe Bouvet, certes. Mais la catastrophe était évitée, à quinze secondes près.

bouvetgalibierAu sommet, on voyait triple, et ce n'était pas seulement les effets de la fatigue et de l'atltitude. Des Bouvet, il y en avait maintenant trois: Philippe, bien sûr, mais aussi Albert et madame, venus soutenir le fiston dans un élan assez touchant. Photo souvenir au pied de la stèle Henri-Desgranges, avec un renfort de choix en la personne de Bernard Gauthier, quatre fois vainqueur de Bordeaux-Paris, SVP.

monumentdesgrangesPassé ce moment de solennité, Gérard pouvait de nouveau se lâcher. Au pied de l'Izoard, deuxième difficulté du jour, il endossait un nouveau rôle: celui de gregario. Le vent dans le pif, il tentait de protéger Etienne et Thierry derrière sa forte carrure en roulant 200 bons mètres devant. A 12 km/h, bénéficiant de l'aspiration créée par Gérard, Thierry Cerinato arrivait au pied de l'Izoard dans les meilleures conditions mais pointait à 45 minutes de Philippe Le Men qui, lui, avait acroché la bonne roue, celle de notre Lance Armstrong à nous, Christopher.

chritipheretphilizoardEpuisé par son travail de sape, Gérard décidait de créer un gruppetto à lui tout seul avant de récupérer Laurent Grandcolas, ravi de trouver âme qui vive après 60 km en solitaire. Une compagnie de bien courte durée, cependant. Victime d'inflammation plantaire Laurent devait s'arrêter près d'une fontaine pour y soulager ses pieds endoloris. A propos, on espère que le journal est bien assuré. Il paraît qu'un éleveur du coin a porté plainte. Quinze de ses brebis ont été retrouvées panse en l'air après avoir bu l'eau de la fontaine...
C'est pourtant en totale ignorance de ce drame que la petite troupe choisit de se recueillir dans la Casse déserte, au pied de la stèle dédiée à Fausto Coppi et Louison Bobet. Le temps d'écraser une larme et tout le monde se jetait dans la descente pour essayer de battre le record de vitesse de la Trans'Alpes.

stellebobetA la sortie du village de Brunissard, malgré un radar borné qui s'entêtait à nous prévenir que la limite était dépassée, on établissait le nouveau record: 81,9 km/h. Mais on a encore deux étapes pour tenter de l'améliorer. Un qui se bonifie de jour en jour, c'est Damien Degorre. Des "DD" tracés au milieu d'un coeur dans la montée du Galibier l'avaient déjà galvanisé. Et malgré une descente de l'Izoard digne de sa réputation de "fer à repasser", il s'est octroyé l'étape de Guillestre grâce à vint derniers kilomètres à bloc, le nez dans le guidon. On reparlera de lui, ne vous inquiétez pas.groupedamiengalibier

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13 juin 2007

RECOMPENSE

PRIX ESCARGOT POUR LOLO

escargotlaurentSon abnégation à ne jamais laisser un "transien" en détresse derrière lui a fini par payer. Laurent grandcolas a reçu des mains du président du jury, Gérard Ejnes, l'escargot d'or de la trans. Le, trophée, un magnifique escargot de Bourgogne, égaré à la Léchère, a malheureusement dû être laissé sur place. "Vous allez pas me mettre cette saloperie dans le camion, ça va être encore plus le bordel" s'est esclamé Eric, qui passe la moitié de son temps à ranger ledit véhicule pour conserver un état sanitaire acceptable.

Fidèle à sa réputation, laurent a passé toute sa journée à l'arrière du peloton, suffisamment loin pour être sûr qu'il n'y ait personne derrière.

12 juin 2007

"C'est pas naturel"

Non, Christopher, l’Américain de la trans, n’est pas imbattable. Gérard l’a prouvéd_partavecbouvet hier en invitant Philippe Bouvet, de passage au cours de son propre Tour de France, à dévorer le festin de la journée. Il a d’abord dégusté le premier met du jour, le col de la Madeleine, laissant croire à ses hôtes que l’écart n’était pas énorme. Cinq minutes sur le premier ‘‘transien’’ (Christopher), quarante-cinq sur le dernier (Gérard) après avoir passé son temps à aller porter des bidons et prendre des nouvelles des uns et des autres avec une facilité déconcertante.

bouvetmadeleine

Le peloton de la transe connaissait effectivement des fortunes diverses. Eric, bien remis de sa tendinite au genou faisait le match avec les meilleurs mais craquait sur la fin, Damien, après deux jours d'apprentissage, donnait l'impression de voltiger, Matthieu et Gilles touchaient leurs limites (assez vite) alors Gérard payait une attaque pleine de panache, mais un peu imprudente au kilomètre 1,5. Laurent, lui, se disait qu'il n'avait plus que 9 heures pour arriver avant la nuit.

damienericgillesmadAprès un pique-nique partagé dans un cadre bucolique, tout près d’un local à ordures, le peloton s’est engouffré dans la vallée de l’Arc pour atterrir au pied du col du Télégraphe, seconde difficulté du jour. Et là, un carnage! Eparpillé, ventilé le peloton de la trans avec des écarts qui rappelaient une époque du cyclisme que l'on croyait révolue, au moins dans le peloton français. De la fière équipe "transienne", il ne restait plus que quelques taches de couleurs pathétiques se dandinant des fesses sur une route devenue trop grande, trop pentue et trop longue. Une tel débandade a forcément fait jaser dans le village d'arrivée."A part 7000 kilomètres d'entraînement, qu'est ce qu'ilthierrymad a de plus que nous? se demandait dubitatif un "transien" arrivé 1h45 après le vainqueur. C'est pas naturel, c'est sûr".

Pendant que Philippe patientait devant un soda à l’hôtel de l’arrivée, Christopher moulinait toujours aussi fort mais un brin désespéré (un quart d’heure de retard). Quelques kilomètres derrière, l’autre Philippe (le ‘‘transien’’) semblait se ressentir de sa nuit passée aux côtés de Thierry alors que Éric retrouvait des couleurs, Matthieu payait son début d’ascension trop rapide et Gilles son début d’ascension trop lente. Derrière ? Et bien derrière, à l’image de Gérard ou d’Étienne, on s’agrippait à sa guidoline sans un mot, en espérant que la pente s’adoucisse. Laurent, qui ne savait plus quelle blessure inventer, dégaina celle assez énigmatique de l’orteil (un symptôme bien connu chez les cyclistes). Quant à Thierry, il roulait, tranquille, pensant à sa prochaine nuit avec Philippe qu’il rêvait encore plus tendre que la précédente…

Tous ruminaient déjà leur vengance. Demain dans le Galibier, Bouvet passerait un sale quart d'heure.

pipid_partETAPE 3: Bourg-Saint-Maurice - Valloire

12 juin 2007

Questionnaire de (la Madeleine) de Proust

sommetcormetgerard2

"Ah, si j'étais Philippe Bouvet"

Invité

Si vous étiez…

un coureur cycliste ?

Sans réfléchir, Philippe Bouvet. Il a un tempérament et une façon d’appréhender la course qui me ressemble. Il était notre guest star sur la trans, hier, et ça m’a fait plaisir de lui laisser la victoire à Valloire.

un col ?

Celui des Aravis, évidemment. Dans ce col, j’étais en représentation lundi dernier. Un vrai festival. Ses énormes pourcentages me conviennent parfaitement et permettent de m’exprimer pleinement. Un bonheur pour les vrais grimpeurs.

g_rardmad

un animal ?

Un félin sans doute. J’ai une tendance à attaquer et à ne jamais lâcher ma proie. Par exemple, lors mon ascension des Aravis, j’ai pris à la gorge tous mes concurrents, les ai serrés, étouffés, asphyxiés. C’était une boucherie.

un livre ?

Le Discours de la Méthode. Le vélo, c’est rationnel. Tu enfourches ta machine et tu attaques. Si t’as les jambes, tu gagnes.

un film ?

Le vélo de Ghislain Lambert. J’aime cette scène où, au cours de Paris-Bordeaux, Ghislain profite de la pause générale pour attaquer et gagner la course. C’est tout moi, ça…

sommetcormetgerardune ville ?

Valloire, au pied du Galibier. C’est de cette ville que va naître mon triomphe dans la Trans. Ma tactique est simple : j’attaque dès les premiers hectomètres du col, me fais reprendre juste avant la sortie du bourg, fais croire à la défaillance, et après… Après ? Je prie pour arriver au sommet.

: Gérard Ejnes, qui a traversé une journée difficile, mais préserve sa première place au classement du meilleur jeune.

12 juin 2007

L'INTERVIEW DU JOUR

damienjouxplaneJe pète le feu ”

DAMIEN ‘’BANG-BANG’’ DEGORRE participe à sa première traversée cycliste. Mais c’est déjà un des plus grands espoirs de sa génération.

Comparé à ses neuf camarades de galère, c’est un gamin (29 ans), un petit jeunot plein de fougue qui n’a pas froid aux yeux. Attaquant dans l’âme, il utilise pour écarter ses rivaux des méthodes naturelles, vieilles comme le monde, mais qui marchent toujours.

Pour votre première ‘’transe’’, vous terminez à la quatrième place au sommet du difficile col du Cormet de Roselend, c’est un résultat prometteur….

  • Pas du tout, je suis très déçu. Quand vous voyez les vieillards qu’il y avait devant moi, il y a de quoi avoir les boules. Je ne suis pas fier de moi. Pourtant je pète le feu en ce moment. J’étais bien pendant toute la première partie, mais j’ai un peu coincé dans les 18 derniers kilomètres. Ce soir (hier, ou avant-hier) je suis battu, mais je vais finir par tous les crever ces grabataires.

  • Vous faîtes preuve d’un sacré tempérament. Est-ce pour cela qu’on vous surnomme Damien “ bang-bang ” ?

  • Non, ça vient de ma technique de démarrage. Quand j’attaque, je mets en marche mon système de propulsion arrière. Généralement les adversaires ne peuvent plus rester dans mon sillage. Le seul problème ensuite c’est les mouches qui s’accrochent. Mais bon, on fait avec.

  • Les chauffeurs du camion se sont aussi plaints de votre passage…

  • Ce sont des racontars. Je ne me suis jamais lâché dans le camion. Ou alors pas souvent…

  • Votre sponsor fait aussi débat. Est-ce qu’on peut savoir d’où vient l’argent qui vous permet d’avoir un aussi beau matériel ?

  • Je ne peux rien dire c’est confidentiel. J’aurais trop peur qu’on me pique mon sponsor.

  • On parle de la fille d’une riche famille issue du bocal haut-normand qui se serait éprise de votre équipe…

  • Je vous ai dit que je ne parlais pas de mon sponsor. Il y a entre nous des liens très forts et une clause de confidentialité que personne n’a réussi à percer jusqu’ici.”

12 juin 2007

Dans les poubelles de l'histoire

ETAPE 2: LA CLUSAZ - BOURG-SAINT-MAURICE

d_partlaclusazC’est une petite cabane en bois au milieu de nul part avec à l’intérieur une poubelle verte pour les déchets organiques et une jaune pour le plastique. On se doute qu’elles aient jamais servi à quelque chose. Sauf aujourd’hui. Passons rapidement sur les deux premiers cols de la journée, les Aravis et les Saisies, pas trop durs et passés sous le soleil. Agréable mais pas très drôle à raconter et allons tout de suite au gros morceau de la journée, le Cormet de Roselend.

philippecremesolaireIl paraît que c’est un des plus jolis cols des Alpes. Il paraît. Nous, on peut rien dire, on a rien vu. Par contre, on peut confirmer que le temps change vite en montagne. C’est donc une fois enduit de crème solaire de la tête aux pieds que l’orage nous est tombé dessus. Pas un gentil orage sympa genre Tahiti douche, non, un truc sérieux avec nuit noire en cinq minutes et des gouttes à vous transformer en serpillière avant d’avoir eu le temps d’enfiler un K-Way. Rapidement l’ascension ressemble plus à la retraite de Russie qu’à la charge de la cavalerie légère. Gilles a froid (on le sait, parce qu’il dit toutes les vingt secondes: “j’ai froid”, ce qui nous change de son traditionnel “j’ai faim”), Gérard pense qu’il va mourir et Philippe demande si par hasard il pleuvrait pas un peu, mais il est assez étourdi.

mont_educormetgroupe

On se donne rendez-vous au bar au sommet pour se sécher et se réchauffer. Il y a toujours un bar en haut d’un col parce que généralement, il y a des chasseurs et partout où il y a des chasseurs, il y a des bars. Mais en plus d’être apparemment beau, ce col a la particularité d’être totalement perdu. Le trou du cul du monde à côté, c’est Las Vegas. Pas un troquet, pas une mobylette rien. Juste une cabane à poubelle. Vous essaierez un jour de vous mettre à dix dans une de ces cabanes et vous verrez. Deux Suisses ont tenté une intrusion. Mais rien, c’est complet, verbotten, interdit, sold out, not possible. Déjà que ça sent le coyotte, et on parle même pas des poubelles

poubellecormetIl paraît qu’à Bourg-saint-Maurice y’a un lavomatic et que demain il fait beau…

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