La douche froide

ETAPE 1: THONON- LA CLUSAZ

La “ trans ” a vécu dimanche une de ces journées de folie qui bâtissent sa légende naissante. Tout avait commencé par une découverte stupéfiante : la Haute-Savoie ne dispose pas du même système métrique que le reste de l’Hexagone. Jacky, notre hôte à Thonon, nous avait conseillé un itinéraire bis pour éviter la route nationale. “ Y’a juste un petit col de 2,5 / 3 km. Rien du tout. ” 6 kilomètres plus loin, Jacky aurait pu être maudit s’il n’avait pas attendu au sommet avec un petit verre de rosé, qui allait peser lourd sur le reste de la journée. Merci Jacky.

Avant même d’avoir rejoint le parcours “ officiel ”, les 10 coureurs de “la route du citron” étaient déjà sérieusement entamés. Et la première grosse difficulté se pointait à l’horizon.

Il faudra bien un jour demander des comptes à ceux qui choisissent les noms des cols. Joux-Plane par exemple. Drôle d’appellation pour une route à plus de 10% de pente… Sous un soleil de plomb, la troupe se disperse très vite. Philippe, Gilles, Christopher et Matthieu s’en sortent pas trop mal. Thierry fait la preuve de sa pertinence de sa méthode à 27 km d’entraînement (voir ci-dessous). Etienne prend son temps pour observer le paysage et faire connaissance avec quelques vaches.

Mais c’est dans le deuxième col, celui de la Colombière que “ la route du citron ” va prendre toute sa dimension. Montée d’enfer. 11 km pas trop durs pour commencer, puis 6 km qui se transforment en boucherie. Vent dans la poire et orage des ténèbres, la dernière ligne droite est un chemin de croix pour Thierry et Matthieu, loin derrière Philippe, Eric, Christopher et Gilles. Gérard, Etienne et Damien ont choisi le camion. Le pire est à venir.

Descente aux enfers. La Madeleine pleure toutes les larmes de son col. Le ciel se vide. Pluie battante et descente tout aussi battante pour Matthieu. Gilles qui a choisi de vivre sec, s’est arrêté au Chinaillon à mi-pente pour s’abriter. Il choisit de faire spectateur. Gérard en profite pour prendre la tête pour la première fois de sa vie. Mais voilà Matthieu qu’arrive la gueule pleine de salive et qui double Gérard dans d’immenses gerbes aquatiques. Et il file, file, file sans se prendre la tête.

Et là devant, le virage de la mort : une route en ruisseau et gravillons. Soudain Matthieu revoit sa vie défiler. Il ne comprend pas pourquoi jusqu’au moment où, à la sortie du virage, il se penche, penche, penche, il se couche, couche, couche, le vélo sous lui. Une vie comme au ralenti. Et il glisse, glisse, glisse vers un muret qu’il percute tête en avant. Flash back. Derrière, Gérard rumine sa rancœur. “ Je peux encore arriver premier en bas, pense t-il. Il suffit que Matthieu se fracasse. Pourvu qu’il tombe mais pourvu qu’il tombe. Et là au sortir de la courbe, il n’en croit pas ses yeux. Matthieu ! Oui, Matthieu, assis sur un muret. Le visage aussi rouge que son maillot. Hébété. Gérard pousse un hurlement de joie. Une voiture s’est arrêtée. De bien braves gens qui s’occupent de Matthieu lui essuient le sang qui coule sur son visage. “ Vous le connaissez ? ” demandent-ils à Gérard. “ Pas du tout, répond-il. Mes copains savent faire du vélo. ” Le casque de Matthieu a explosé. Genou en sang, hanche râpée, coude en sang. Ce n’est pas joli, joli. Une bien vilaine image du cyclisme et avec tout ça, on ne sera pas à table à 20h.

Moralité ? Mettez un casque au moins dans les descentes. Sans son casque, Matthieu ne serait sans doute plus des nôtres. Et c’en était fini des Trans.

Alleluia ! La grande faucheuse n’avait pas coché le nom de Matthieu ce jour-là. Bénie soit-elle. Seulement, Matthieu maintenant doit s’acheter un nouveau casque. Une souscription est lancée. Vous faites le 0808080808 et vous versez la somme que vous voulez. Matthieu vous en sera très reconnaissant. En attendant, il va mieux. A la seconde même, il est en train de tirer la carte de crédit de Damien le néophyte.

Très fort, ce Matthieu.

Comments

[ExpertiseMan]

Questions:
- pourquoi on a toujours l'impression que GS est en descente?
- pourquoi on a toujours l'impression que LGC est en montée?

C'est bien la preuve que les journalistes - et les photojournalistes - font bien ce qu'ils veulent et racontent que des conneries